Le patrimoine architectural du XX e siècle est aujourd’hui encore trop peu apprécié : il est mal compris, mal utilisé dans les stratégies d’aménagement car considéré le plus souvent comme sans qualité, voire comme un poids dont il faudrait se défaire, comme si l’on souhaitait effacer un témoin encombrant d’une période à peine révolue.
Pourtant, le patrimoine architectural du XXe siècle possède tous les attributs d’un véritable patrimoine : il est parfois reconnu comme exceptionnel et protégé à ce titre, parfois perçu comme un élément majeur et incontournable d’évolution et de valorisation de projets urbains, parfois encore saisi comme une marque d’une histoire constructive intense. Loin d’être banat et sans valeur, le patrimoine architectural du XXe siècle est bien au contraire riche d’une diversité sans équivalent.
C’est à ce titre qu’une politique publique de reconnaissance est mise en œuvre, articulée autour du label Patrimoine du XXe siècle. Cette politique est fondée aujourd’hui sur trois textes : la recommandation du Conseil de l’Europe du 9 septembre 1991 relative à la protection du patrimoine architectural du XXe siècle, la circulaire du 18 juin 1999 sur le patrimoine du XXe siècle et la circulaire d’application du 1er mars 2001. Cette politique a joué tout son rôle, depuis maintenant presque quinze ans, dans l’approfondissement de la connaissance et de l’identification du patrimoine architectural récent. Cependant, une relance apparaît aujourd’hui nécessaire.
La nécessité d’une relance
Dans ce but, le ministère de la Culture et de la Communication a travaillé en 2012 et 2013 selon quatre axes : la réalisation d’un bilan, notamment sous la forme d’un rapport remis en septembre 2012 ; la mise en place d’un groupe de travail, afin de définir des lignes directrices et de nouvelles préconisations pour l’avenir ; la poursuite de l’effort de connaissance, en particulier à l’occasion de travaux d’ampleur sur les grands ensembles et les lotissements ; enfin, dans le cadre de la loi Patrimoines en préparation, l’introduction dans le Code du patrimoine de dispositions concernant le label, afin de lui donner une existence en droit positive et d’affirmer le principe de la préservation de la conception des immeubles et ensembles concernés en précisant les conditions de leur évolution. Les conditions d’une relance sont donc aujourd’hui réunies et l’année 2014 sera celle de la mise en valeur de cette politique, par l’entrée du label dans le Code du patrimoine, mais aussi par le lancement d’une grande campagne d’identification et de recensement par répartition thématique et géographique.
C’est bien parce que le patrimoine qu’il représente est à la fois précieux et différent que la politique permettant de le préserver doit être ambitieuse et souple : c’est dans le dialogue, la connaissance et la reconnaissance que le patrimoine architectural du XXe siècle pourra trouver la place qui lui revient dans la grande histoire de l’architecture.
Olivier LERUDE
AUE, adjoint au chef du bureau de la Qualité de l’architecture et du paysage, ministère de la Culture